L’abbé René Tessier, rédacteur en chef de la revue Pastorale-Québec, analyse l’actualité religieuse depuis plusieurs décennies. Quel regard porte-t-il sur la visite papale? Voyez ses commentaires dans cette série de quatre blogues.
*****
La visite du pape François au Canada aura suscité un déferlement d’émotions de toutes sortes, pour des raisons diverses. Nous ne pouvons en esquisser ici tous les contours, pas plus que nous ne saurons « vider » le sujet, même avec plus d’espace, dans la revue Pastorale-Québec. Mais la première dimension qui s’impose à nous, c’est la sincérité de cet homme plus grand que nature, qui a clairement su toucher bien des cœurs.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire de l’extérieur, le Saint-Père n’animait pas une opération de relations publiques, comme des chefs d’organisation peuvent et savent parfois le faire. Il est venu de Rome malgré un mauvais état de santé et une mobilité réduite, lui qui ne prend jamais de vacances, car les requêtes des leaders autochtones, fin mars au Vatican, l’ont profondément ému. Il est venu jusqu’ici dans le but de panser leurs blessures et d’apaiser les cœurs. Il se peut que, ce faisant, sa visite ait ravivé des peines enfouies avec le temps et stimulé des réclamations additionnelles dont il faudra peser la teneur. Mais le leader de plus d’un milliard de catholiques a choisi consciemment, d’abord et avant tout, de laisser parler son cœur. C’est le réflexe d’un homme souverainement libre, à l’écoute de sa conscience de chrétien.
Cela, on peut facilement observer que bien des gens l’ont fortement ressenti, jusque dans leur chair. Au-delà des mots utilisés, au-delà même de quelques gestes symboliques (qu’on pourrait repasser ailleurs), il restera surtout, très probablement, l’affection sincère de Jorge Mario Bergoglio pour tout être humain, sa déférence authentique pour la dignité humaine.
On ne trouvera pas plus vrai que lui, pour le dire tout simplement. Dans un monde comme le nôtre où les fabricants d’image savent si bien nous manipuler, voilà un chef religieux dont la densité humaine produit autour de lui une grande aura de compassion. Comment l’oublier ? Comment ne pas prendre au sérieux ce à quoi il nous a convoqués ?
René Tessier