Ce printemps pascal nous invite à contempler la vie qui grandit dans notre monde et notre Église. Quelques jours après Pâques, même le journal Le Soleil présentait une vocation prochaine du Monastère de la Croix-Glorieuse, dans Charlevoix (pour lire cet article, cliquez ici).
Aujourd’hui, c’est le témoignage de Sr Isabelle Normand, une jeune religieuse Dominicaine Missionnaire Adoratrice que nous vous présentons. Nous lui avons demandé de nous livrer ce qu’elle voudrait dire à quelqu’un qui s’interroge quant à un possible appel à la vie consacrée. Si vous connaissez de ces personnes, n’hésitez pas à leur faire parvenir ces réflexions… Bonne lecture!
L’équipe de la Pastorale des Vocations
À toi qui te poses la question sur un appel possible à la vie consacrée…
Je voudrais t’adresser ces quelques mots bien simplement et fraternellement pour t’encourager et te partager quelques réflexions et constats qui m’ont permis d’avancer sur le chemin de la vie religieuse.
Dès les premiers moments où j’ai pressenti que je portais peut-être un appel à la vie consacrée, ça me faisait peur et j’ai essayé de me boucher les yeux, de me convaincre du contraire. Je vois aujourd’hui que ça ne sert à rien ! Le Seigneur est fidèle dans son appel, et tout en me laissant ma liberté (on ne force pas l’amour), il se fait insistant, il est tenace, parce qu’il m’aime ! Il a séduit mon cœur profondément ; c’est une histoire d’amour ! Je me voyais indigne. Bien sûr, qui en est digne ? Il me connaît plus que moi-même, mes misères, mes faiblesses, mes blessures. Qui a dit qu’il fallait être parfait pour être consacré à Dieu ? Des hommes, des femmes parfaites, ça n’existe pas ! Il nous veut tels que nous sommes, aujourd’hui !
J’avais à l’époque mon emploi comme professionnelle, mon petit appartement, ma voiture, mes amis, MAIS… ma vie manquait de saveur, j’avais l’impression de passer à côté de l’essentiel ! Et ma soif de Dieu allait grandissante, mais le train de vie du quotidien ne me permettait pas de prier, d’adorer autant que j’en avais faim.
Cet appel m’a fait peur, car au départ je voyais d’abord les renoncements qu’il représentait… Mais chemin faisant, à mon rythme, j’ai appris que cet appel était un don merveilleux que le Seigneur me faisait. Mes barrières sont tombées tranquillement les unes après les autres. J’ai vu que les renoncements n’étaient rien en comparaison avec ce que Lui me donnait en retour; que c’est simplement une réponse d’amour au don de Dieu. Le Christ a tout donné par amour pour moi, il a donné sa vie, je veux répondre amour pour Amour, don pour Don. Et quelle joie profonde surgit en moi ! Une vocation c’est un chemin de bonheur !
Une grande question que je me suis posée longtemps : comment reconnaîtrai-je la communauté où le Seigneur m’appelle ? J’ai posé la question à une sœur présente dans ma paroisse lors de son 50e anniversaire de profession et elle m’a répondu : « Quand ce sera là, tu le sauras ! » Aujourd’hui, je te suggère de commencer par bien te connaître, connaître ta spiritualité, comment le Seigneur t’a formé dans ton passé. Regarde les expériences spirituelles que tu as faites. Ainsi, tu préciseras « Qui tu es ». J’ai beaucoup prié pour reconnaître ma communauté quand ce sera la bonne. J’ai visité et connu plusieurs communautés pour bien discerner. Et voilà que, chemin faisant, au cours d’une retraite de discernement, le prêtre qui m’accompagnait me demande si je connaissais les Dominicaines Missionnaires Adoratrices ? Après un petit temps d’apprivoisement et de connaissance, voilà que je me suis reconnue dans cette spiritualité eucharistique, dans cette vie à la fois contemplative et active. Vie d’adoration et d’offrande. Vie dominicaine, fraternelle, simple et joyeuse. Vie missionnaire centrée sur l’annonce de l’Amour de Jésus se faisant eucharistie. En regardant la communauté, c’est comme si je me regardais dans un miroir… alors j’ai su que c’était là !
C’est très précieux d’être accompagnée sur le chemin du discernement. Cette aide m’a manqué au départ et j’ai vu comment c’est essentiel ! Un bon accompagnement saura t’aider à voir plus clair, te confirmer dans certaines voies ou te faire voir plus loin pour d’autre. Sois à l’écoute de l’Esprit ! Si tu es sur le bon chemin, une joie et une paix profondes seront là au fond de ton cœur. Parfois, il y aura de petites tempêtes en surface, des remises en questions, des découragements; des idées comme : « je ne suis pas fait pour ça », « je n’ai pas telle qualité ou telle compétence », « c’est trop exigeant » etc., viendront peut-être, mais la paix demeure tout au fond du cœur. Fais confiance à Dieu ! Il sait ce qu’il fait, il est Dieu, le tout Autre ! C’est lui qui nous donne la force et le courage de répondre, de nous engager à sa suite et de persévérer.
Si tu sens que le Seigneur t’appelle, n’aie pas peur ! C’est pour ton plus grand bonheur! Il appelle encore aujourd’hui. Il faut être patient sur le chemin du discernement, être bien accompagné, et tu pourras répondre à l’Amour en lui faisant le don de toi-même ! Je te garde dans ma prière pour que tu découvres la volonté de Dieu sur toi et qu’il te donne la force de répondre à ton appel, celui de la vocation que tu portes, quelle qu’elle soit. Tu goûteras à sa joie!
S. Isabelle Normand, op.