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Un regard de bonté sur l’année qui vient… et sur celle qui s’achève!

Un regard de bonté et de beauté sur l’année qui vient… et sur celle qui s’achève!

L’année 2020 qui vient de s’achever laisse le souvenir de moments éprouvants. Mais ne pouvons-nous en tirer également du bon et du beau? C’est ce que plusieurs articles dans la presse ont tenté de faire. Pour approfondir et égayer notre regard, voici quelques suggestions de lecture.

 

« L’espoir d’une bonne année 2021 sera tributaire de notre capacité collective à reconnaître qu’à son étrange manière, 2020 nous a appelés à changer pour le mieux. »

« Reconnaître ce que l’année 2020 avait à offrir » de Philippe Vaillancourt dans Présence info.
http://presence-info.ca/article/opinion/reconnaitre-ce-que-l-annee-2020-avait-a-offrir

 

« La solidarité, la vraie, n’est pas une affaire de « quelques mois », monsieur le ministre. Elle est un travail constant de notre souffle commun et une orientation permanente de l’âme ; pas une affaire réglée rapidement dans l’efficacité des chiffres et des graphiques. »

« La solidarité dure neuf mois » de Jérémie McEwen, Essayiste et chroniqueur, dans La Presse du 3 janvier 2021.
https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-01-03/la-solidarite-dure-neuf-mois.php

 

Une réflexion philosophique sur ce que nous voulons devenir comme être humains, à la lumière de la pandémie:

« Bilan 2020. Une année qui donne à réfléchir… » par Pierre Desjardins dans La Presse du 31 décembre 2020.
https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2020-12-31/bilan-2020/une-annee-qui-donne-a-reflechir.php

 

La réflexion de Mgr Marc Pelchat, évêque auxiliaire à Québec, en entrevue dans Pastorale-Québec, décembre 2020 : 

C’est maintenant qu’il faut réfléchir à l’après…

Évangile du dimanche 10 janvier 2021

« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 7-11)
https://www.aelf.org/2021-01-10/canada/messe#messe1_lecture4

La réflexion pour cette semaine
https://youtu.be/aqxWkoTyBSk 
Merci à Sonia Bergeron et Roxane Bertrand

Questions pour l’échange, à votre choix :

  • Quelle est la réponse que je veux donner à l’appel de Dieu pour vivre avec Lui la mission au cœur de mon quotidien?
  • Quel lien est-ce que je fais entre la vidéo et l’Évangile de ce dimanche?

Évangile du dimanche 3 janvier 2021

Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12)
https://www.aelf.org/2021-01-03/canada/messe#messe1_lecture4

La réflexion pour cette semaine
https://youtu.be/iRLMExSZRDk
Merci à Jean Gagnon

Questions pour l’échange, à votre choix :

  • Toi qui aujourd’hui connais Jésus et son histoire, quel sens ont pour toi ces cadeaux offerts par les mages?  Dans ce récit de Matthieu, que découvres-tu de neuf sur Jésus?
  • Quel lien est-ce que je fais entre la vidéo et l’Évangile de ce dimanche?

ECDQ.tv présente une messe de Noël en milieu de soins 

 

  

La webtélé de l’Église catholique de Québec offrira une messe de Noël en ligne des plus spéciales… Le 24 décembre, à 19 h, nous vous invitons à vous joindre à une célébration sur les ondes d’ECDQ.tv, présidée par le cardinal Gérald C. Lacroix, archevêque de Québec. Cette liturgie très signifiante, conçue en collaboration avec le Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale, a été célébrée à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. Cette messe est dédiée à nos aînés, à leurs proches aidants, aux personnes hospitalisées et leur famille, ainsi qu’au personnel soignant.  

« C’est une façon de nous faire proche de ces personnes qui ont eu une année tellement exigeante. Cette célébration est très lumineuse, mais sobre, toute en douceur, en ce Noël si différent de ce que nous connaissons », commente le cardinal Lacroix. 

Ce dernier encourage la population à voir comment la fête de la Nativité peut avoir beaucoup de sens, malgré les contraintes : « Notre Noël 2020 nous rapproche du tout premier Noël. Les parents de Jésus ont accueilli leur fils dans un contexte loin d’être idéal, non? Ça n’a pas empêché Dieu de se faire présent. Ça n’empêche pas Dieu de se faire présent en 2020. Accueillons la lumière, la paix, l’espérance, la force qu’il veut nous apporter. » 

Ressources en ligne 

Nombreuses seront les messes webdiffusées cette année, dans un contexte où l’accès aux églises est très limité en zone rouge (25 personnes). L’Église catholique de Québec propose sur son site ecdq.org un répertoire de célébrations locales disponibles en ligne. 

Ceux et celles qui en ont assez des écrans ne seront pas en reste! Un répertoire d’initiatives originales a aussi été préparé, autant pour les personnes seules, que pour les couples et les familles. Démarches à vivre à la maison, intrigants défis créatifs, listes de lecture personnalisées, c’est à découvrir pour se rapprocher de l’essentiel, dans le confort de son foyer. 

Messes de Noël dans les églises : où et quand? 

Dans plusieurs communautés, les méninges s’activent pour proposer des activités, des visites à la crèche, et bien sûr des messes. Le défi de les organiser est bien réel. Sur ecdq.org, une liste de paroisses offrant des places, sur réservation, est proposée. Il est recommandé de communiquer avec sa paroisse pour obtenir plus d’information, s’inscrire, ou pourquoi pas, proposer son aide!  En effet, plus les communautés comptent sur des forces vives pour participer à l’accueil et la désinfection des lieux, plus elles sont à même d’offrir des célébrations. Pour un Noël de joie, que la bienveillance et la générosité soient au rendez-vous! 

Des cloches et des sirènes pour les travailleurs essentiels

Une musique inhabituelle résonnera dans toute la ville de Québec le 24 décembre, à 20 h!  Il s’agit de remercier et soutenir tous les travailleurs et travailleuses qui sont en première ligne depuis le début de la pandémie.

Cette « activité réconfort » proposée par la Ville de Québec a séduit notre archevêque, qui a demandé aux équipes pastorales qui le pourront de faire sonner les cloches des églises pour l’occasion. Au même moment, les véhicules des policiers et des pompiers activeront leurs sirènes, en solidarité avec le personnel des services essentiels.

Le Cardinal Lacroix a participé au point de presse avec le maire Labeaume et les responsables des services de police, de protection des incendies, et du réseau de transport de la Capitale : « Nous sommes heureux de participer à cette initiative pour remercier tant de personnes qui travaillent pour nous soutenir en ce temps particulièrement difficile. Cette année, nos cloches annoncent la naissance de Jésus à Noël et se font l’écho de notre solidarité, dans une symphonie de gratitude. »

Voici le lien pour le message vidéo du cardinal Lacroix diffusé sur FacebookLive.

Voici le lien pour le communiqué de la Ville de Québec 

Il est fort à parier que ce beau clin d’oeil réchauffera les coeurs : une initiative qui est tout à fait en phase avec le sens de Noël, une fête qui apporte depuis 2000 ans espérance et courage.

Évangile du dimanche 27 décembre 2020

« L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22.39-40)
https://www.aelf.org/2020-12-27/canada/messe#messe1_lecture5

La réflexion pour cette semaine
https://www.youtube.com/watch?v=AlIFGcQsUDw&feature=youtu.be
Merci à Catherine Richard et Jérémie Bisson

Questions pour l’échange, à votre choix :

  • Qu’est-ce que vous inspire la sainte Famille? Qu’est-ce que vous allez puiser en elle pour votre propre famille, pour votre couple?
  • Quel lien est-ce que je fais entre la vidéo et l’Évangile de ce dimanche?

Évangile du dimanche 20 décembre 2020

« Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils » (Lc 1, 26-38)
https://www.aelf.org/2020-12-20/romain/messe#messe1_lecture4

La réflexion pour cette semaine
https://youtu.be/QTFoDbxgZUE    
Merci au Cardinal Lacroix

Questions pour l’échange, à votre choix :

  • Qu’est-ce qui vous fascine le plus chez Jésus?  Quel aspect de son humanité vous interpelle?
  • Quel lien est-ce que je fais entre la vidéo et l’Évangile de ce dimanche?

InfoECDQ – 18 décembre 2020

Voici des suggestions d’informations à partager dans votre milieu ou à imprimer dans les feuillets paroissiaux.

Archives infoECDQ

NOUVELLES

Bonjour! Voici des suggestions d’informations à partager dans votre milieu. Prenez note que l’infolettre diocésaine vous reviendra le 8 janvier 2021. Notre site web sera mis à jour régulièrement, il demeure votre référence! Très joyeux Noël et heureuse nouvelle année, de la part notre équipe des communications.  

  

Vœux de notre pasteur
Un joyeux Noël de la part du cardinal Lacroix 

Les vœux de Noël 2020 du cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, sont dès maintenant disponibles. « Notre Noël 2020 peut quand même avoir beaucoup de sens et nous conforter si nous prenons le temps de le vivre simplement dans la foi et l’action de grâce! Et n’oublions surtout pas les besoins des personnes autour de nous qui vivent isolées dans la souffrance et la pauvreté. » 
https://www.youtube.com/watch?v=p2rNVaDKiPI 

 

www.ecdq.org/noel-2020
Noël… autrement! 

Ce Noël 2020, on s’en souviendra toute notre vie. Faisons en sorte que ce soit un beau Noël, au-delà des contraintes engendrées par la pandémie. Déjà, le temps de l’Avent est propice à vivre de belles et grandes choses. 

Sur la page www.ecdq.org/noel-2020, vous trouverez d’abord des ressources pour pouvoir goûter à l’essence de Noël à la maison, et un répertoire de messes de Noël en ligne. Recherchez aussi votre paroisse (en ordre alphabétique), pour savoir ce qui s’y prépare. 

Dans plusieurs communautés, les méninges s’activent pour proposer des activités, des visites à la crèche, et bien sûr des messes (à 25 personnes), etc. Le défi de les organiser est bien réel : nous n’avons pas reçu les informations de toutes les paroisses encore. N’hésitez pas à contacter la vôtre afin d’obtenir plus d’information, vous inscrire, ou pourquoi pas, proposer votre aide!  

Notre page consacrée aux ressources pour l’Avent est bien garnie et demeure accessible: https://www.ecdq.org/vivre-lavent-2020-a-la-maison/. 

 

Programmation des Fêtes d’ECDQ.tv
Une messe de Noël unique, et autres petits clins d’oeil 

Une messe de Noël… dans un milieu de soins!  

La webtélé de l’Église catholique de Québec nous offrira une messe de Noël en ligne TRÈS spéciale…  Le 24 décembre au soir, à 19 h, nous vous invitons à vous joindre à une messe de Noël sur les ondes d’ECDQ.tv, présidée par le cardinal Gérald C. Lacroix, archevêque de Québec. 

Ce projet très signifiant, conçu en collaboration avec le Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale, a été filmé à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. Cette messe est dédiée à nos aînés, à leurs proches aidants, aux personnes hospitalisées et leur famille, ainsi qu’au personnel soignant.  C’est notre façon de nous faire proche de ces personnes qui ont eu une année tellement exigeante. 

Oui, Jésus est né, et il veut naître au coeur de nos vies. Partageons la lumière de Noël, le coeur solidaire.  

Facebook/ECDQ.tv : prières du soir spéciales 

Du lundi au vendredi, depuis le “reconfinement”, nous offrons à 19 h un bref temps de prière en direct, animé par des personnes ressources des quatre coins de notre diocèse. Le 25 décembre, 31 décembre et 1er janvier, ce sont nos deux évêques auxiliaires, Mgr Martin Laliberté, p.m.é. et Mgr Marc Pelchat, de même que notre archevêque, le cardinal Gérald C. Lacroix, qui animeront ces prières spéciales, à partir de leur domicile. 

 

Nouvelle édition de Pastorale Québec
Dernière chance de vous abonner pour 35$! 

L’édition de décembre de notre revue diocésaine vient d’être publiée! Voici deux articles pour vous mettre en appétit :  

C’est maintenant qu’il faut réfléchir sur l’après – Entretien avec Mgr Marc Pelchat, par l’abbé René Tessier 

Père Christian Eeckout : la Terre sainte devient nôtre – Par Réjean Bernier 

En janvier 2021, le tarif d’abonnement (qui n’avait pas changé depuis 1993!) sera rehaussé à 40$. Profitez des prochains jours pour vous abonner, ou abonner un proche 

https://www.ecdq.org/ressources/medias/revue-pastorale-quebec-2020  

 

Mgr Pierre-Olivier Tremblay, o.m.i. 
Pistes pour discerner le vrai du faux 

1986. Un jeune homme et ses amis se passionnent les annonces de la fin prochaine du monde, et appréhendent le gouvernement mondial dirigé par l’Antéchrist qui règnera bientôt sur la Terre. Ce jeune homme, c’est Pierre-Olivier Tremblay, aujourd’hui évêque auxiliaire à Trois-Rivières.

Le 3 décembre 2020, à la lumière de son expérience, mais aussi des sciences sociales et de la théologie, il a partagé dans une conférence Zoom ses réflexions sur les théories du complot. Il a donné de précieuses pistes pour l’accompagnement des personnes séduites par ces théories. La Maison diocésaine de formation du diocèse de Nicolet rend disponible cet entretien qui vaut largement le temps d’écoute… 

 

Parcours des Seuils de la foi de Mess’AJE
Une lecture actuelle et originale de la Bible 

Cherchez-vous des moyens pour réaliser dans votre milieu nos objectifs diocésains de l’année, en particulier le développement de l’éducation de la foi des adultesMess’AJE pourrait vous aider, avec sa lecture actuelle et originale de la Bible qui suscite l’enthousiasme. 

Si cela vous intéresse, vous êtes invités, en mode virtuel, au Parcours des Seuils de la foi. Le parcours du Premier seuil de la foi, en 9 rencontres et aux 2 semainesdébutera mardi, le 19 janvier 2021 de 13h15 à 15h45 OU mercredi le 20 janvier 2021 de 19h à 21h15. Le groupe qui aura le plus d’inscriptions sera retenu. Il y a aussi possibilité de 2 groupes selon le nombre d’inscriptions. 

Pour inscription : 418-872-0925messaje@messajequebec.org ou sur le site www.messajequebec.org Coût suggéré : 80$ /personneBienvenue à tous et toutes! 

 

Dialogue juif-catholique
Un document qui ouvre un nouvel horizon!  

Sur la recommandation de la Commission de la CECC pour l’unité chrétienne, les relations religieuses avec les juifs et le dialogue interreligieux, et l’approbation du Bureau de direction de la CECC, le dialogue bilatéral CECC – Caucus rabbinique canadien publie une nouvelle ressource intitulée : « Les psaumes : porte d’entrée du dialogue juif-catholique ». La ressource est destinée aux fidèles des communautés catholique et juive du Canada.  

Tous les détails ici : https://www.cccb.ca/fr/announcement/les-psaumes-porte-dentree-du-dialogue-juif-catholique/  

 

Pastorale des vocations presbytérales
Une invitation… et des vœux!  

L’équipe de la pastorale souhaite offrir ses meilleurs vœux à tous les chercheurs et chercheuses de Dieu. On peut les trouver iciSans oublier le prochain rendez-vous des…  

Grâces Matinées! Dimanche 3 janvier, 12h à 14h 

« Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. » Mt 2, 10 

Viens nous raconter ce qui te rend heureux dans ta recherche du Seigneur! Qui dans ta vie est comme une étoile? Pour qui es-tu une étoile, une source de joie ? 

Voici le lien pour vous joindre à la rencontre virtuelle : https://us02web.zoom.us/j/84518025637?pwd=SWFpY3FqMFpEcVBjcDlLbHlLYm9tQT09  

Rappelons que les Grâces Matinées s’adressent à des jeunes ou moins jeunes hommes qui veulent réfléchir et échanger sur l’un ou l’autre des aspects rattachés à la vocation des prêtres dans l’Église et dans le monde d’aujourd’hui. 
www.ecdq.org/pastorale/vocations    

L’équipe « Vocation + », diocèse de Québec. Ginette L’Heureux: 581-985-4118 ou encore vocations@ecdq.org.   

 

Mémoire de la CECC
Projet de loi C-6 sur les thérapies de conversion  

Cette semaine, M. le cardinal Thomas Collins a présenté en comité parlementaire le Mémoire présenté au Comité permanent sur la Justice et les Droits de la personne. 

Les évêques saluent l’intention louable derrière ce projet de loi, dans la mesure où il cherche à interdire les actions coercitives contre des individus. Toutefois, après maintes consultations avec des spécialistes, il est devenu clair que ce projet utilise un langage trop général et ambigu. Il « pourrait même criminaliser des ministères et des groupes catholiques, des leaders religieux ou des pasteurs qui encouragent les personnes ayant une attraction vers le même sexe à vivre chastement ».  

  

Vivre et aimer
Un document qui ouvre un nouvel horizon!  

Le mouvement international Vivre et aimer (Worldwide Marriage Encounter, www.vivreetaimer.com) est présent au Québec depuis 45 ans pour y promouvoir le mariage et le sacerdoce dans l’Église et dans le monde. Plus de 3,5 millions de couples et 27 000 prêtres, dans près de 100 pays, aidés à faire grandir leur amour, en leur permettant de vivre un week-end exceptionnel.  

Du 12 au 14 février 2021, un week-end virtuel aura lieu (date limite d’inscription : 12 janvier). Quel beau cadeau de Noël à (s’) offrir ! 

Pour voir ou revoir le reportage d’ECDQ.tv sur ce mouvement fécond: 
https://www.ecdq.tv/vivre-et-aimer/  

ACTIVITÉS

Vous pouvez maintenant cliquer sur ce lien pour prendre connaissance des activités offertes dans notre diocèse : www.ecdq.org/activites/

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Père Christian Eeckout: La Terre sainte devient nôtre

Article tiré de la revue Pastorale-Québec, décembre 2020

Par Réjean Bernier

En février 2019, un groupe d’agent(e)s de pastorale du diocèse de Québec était conquis par la passion du Père Christian Eeckout pour la Terre sainte. Ce dominicain belge et théologien y avait déjà guidé d’autres groupes de prêtres accompagnés par notre archevêque. En janvier 2014, il avait aussi animé la retraite diocésaine des prêtres. Difficile de croiser un tel érudit passionné sans lui solliciter une entrevue!

Q : Quelle est votre spécialité comme guide?

R : La géographie biblique. Lire la Bible sur le terrain pour comprendre les écritures. Le Pape Paul VI avait même qualifié la Terre sainte de cinquième évangile!

Q : Plusieurs approches de lecture de la Bible existent, laquelle privilégiez-vous?

 R : L’École biblique priorise l’approche historico-critique. J’affectionne aussi une lecture symbolique permettant de comprendre par les images de la Bible un certain nombre de ressorts paraboliques ou de thématiques basés sur les descriptifs topographiques du texte peu utilisés par les gens. Par exemple, dans le livre de Jérémie: Les cigognes connaissent leur nid, comment vous (peuple de Dieu) ne connaissiez-vous pas la maison de votre Dieu? (Jr 8,7)

Dans le Nouveau Testament, on évoque la montagne, le désert, la mer; pour référer à des réalités spirituelles et théologiques. La montagne signifie l’élévation topographique naturelle, mais elle évoque aussi l’élévation spirituelle que porte cette parole. La profondeur, c’est l’inverse. Ça représente la mort ou la misère. Quant au désert, il est à traverser sans s’y installer. Et la mer, plutôt ambivalente, évoque la vie et la mort.

Q : Auparavant, on parlait peu de tourisme religieux. Est-il une réalité à mi-chemin entre le tourisme et le pèlerinage?

R : Le tourisme religieux, forme nouvelle de mobilité, signifie que l’être humain est en quête de sens, en recherche spirituelle. Il se rendra donc aux Indes, à Compostelle, à Lourdes, etc. Ces lieux sont porteurs de sens et connus au niveau international. Le tourisme religieux s’est développé parce que chez soi, dans sa vie, on ne trouve pas assez d’élévation. Peut-être ne cherche-t-on pas assez!

Q : Comment considérez-vous votre travail?

R : Comme un service d’Église nécessaire pour offrir aux pèlerins un guidage de qualité. Nous manquons de guides chrétiens, compétents et francophones. De plus, le Père Lagrange, fondateur de l’École biblique, a mis l’importance sur le contexte du texte, sur l’environnement naturel de la parole spirituelle. Le texte ne va pas sans son contexte pour être bien compris. Il faut connaitre le pays de Jésus.

Q : Vous guidez des groupes depuis longtemps. Avez-vous parfois l’impression de vous répéter ? De vous habituer aux sites bibliques?

R : La maman qui cuisine pour sa famille utilise le même four et les mêmes casseroles, mais ses repas varieront selon les gens autour de la table ou selon les anniversaires soulignés. Pour ma part, les gens devant moi et leurs questions varient également. Je m’adresse différemment selon que j’accompagne des grands-parents avec leur petits-enfants, des militaires vivant une expérience de désert, des universitaires, des agent(e)s de pastorale, etc.

Q : Certains visitent la Terre sainte sans esprit critique, convaincus que tous les lieux associés à Jésus sont authentiques. Par contre, d’autres considèrent ces lieux très approximatifs puisque ça fait tellement longtemps. Comment faire la part des choses entre ces deux extrêmes, ces deux polarités?

R : Dans les évangiles, certains récits ont une valeur historique, d’autres une valeur de commentaires ou de leçons théologiques. Il y a des certitudes, par exemple le lac de Galilée n’a bougé qu’en hauteur! La ville de Jérusalem et plusieurs de ses monuments n’ont pas été modifiés depuis 2000 ans. Dans ces endroits, ce n’est pas une question de vrai, mais simplement de lieux historiques que l’archéologie atteste.

En revanche, le récit biblique vise la transmission du sens et non du détail. Certains lieux sont donc laissés indéterminés. Pour parler des pèlerins d’Emmaüs, on mentionne Cléophas et son compagnon sans en préciser le nom. Cela n’est pas un flou de l’Écriture, mais permet l’appropriation personnelle. On mentionne souvent que Jésus traversa d’une rive à l’autre, sans préciser les endroits exacts du départ et d’arrivée. L’important c’est qu’il ait traversé le lac. Ce flou est bien car en précisant trop, on accorderait une importance démesurée aux lieux au détriment de ce qui y a été vécu. Quant au Mont des Béatitudes, il ne s’agit pas d’un pic ou d’une montagne précise, c’est un ensemble des berges au nord du lac de Galilée. On pouvait y rassembler les gens car il n’y avait pas de théâtre à Capharnaüm.

Q : Pouvez-vous nommer quelques lieux authentiques en lien avec Jésus et attestés par l’archéologie?

R : Le lieu le plus cité après Jérusalem, c’est Capharnaüm. Ce lieu est assuré. Il y a évidemment Jérusalem avec la citadelle qui n’a pas bougé depuis 2000 ans, bien que ce lieu soit plus élevé aujourd’hui de trois ou quatre mètres comparativement au temps de Jésus. C’est là où Jésus a été condamné sous Ponce Pilate. Le village de Taybeh-Éphraïm de Judée n’a pas changé depuis 2000 ans. Jésus s’y est retiré avant de se rendre à Jérusalem pour sa passion. (Réf., Jean 11). L’archéologie a aussi repéré les petits affluents du Jourdain où se trouvait Jean Baptiste pour baptiser Jésus.

Le Golgotha, lieu de la crucifixion, est également certain. Concernant le tombeau de Jésus, on remarque à proximité un dessin d’un bateau avec une inscription « Seigneur, nous sommes arrivés ». Cet endroit du cimetière était assurément proche des lieux vénérés. Pour le Chemin de la croix, on connait les points de départ et d’arrivée, mais le tracé exact n’est pas connu avec certitude, malgré que l’on connaisse où étaient érigés les murs de la ville à l’époque. À la grotte de l’Annonciation à Nazareth, on note des graffitis très anciens signifiant: « Je te salue, Marie. » On pourrait aussi parler des routes qu’a assurément empruntées Jésus. Pensons au chemin naturel et très ancien entre Nazareth et Magdala où il y a la vallée d’Arbel.

Q : Quels seraient des lieux moins certains ou moins authentiques?

R : Certains lieux sont plein de sens sans être marqués de la trace des premiers pèlerins ou des disciples ayant suivi Jésus. À Magdala, il n’y a pas de trace laissée par les disciples, mais on a retrouvé la synagogue où Jésus a sans doute prêché. Concernant Cana mentionné seulement dans l’évangile de Jean, on ne peut l’attester car d’autres villes portent le nom de Cana. Dans son évangile, Luc précise qu’Emmaüs était à une distance de 60 stades du cénacle, sans indiquer si c’était au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest. On ne peut donc déterminer l’emplacement d’Emmaüs.

Q : Que répondez-vous aux gens qui, parce que vous êtes prêtre, ne vous croient pas objectif ?

R : Notre École biblique et archéologique française est exigeante quant à la responsabilité de ce qu’on dit. Nous faisons des études scientifiques, axées sur les évolutions de la géologie, de la topographie, des traces archéologiques. Nous sommes nous-mêmes des chercheurs. Nous avons même été mandatés par l’ONU pour analyser des manuscrits bibliques de l’Ancien Testament découverts en 1947 à Qumrâm. Quand les bédouins nous apportaient ces récits, on a pu attaquer l’École biblique présumant que, parce que nous étions des prêtres, nous allions cacher les manuscrits qui ne convenaient pas pour ne conserver que ceux qui convenaient. Alors, nous avons invité ceux qui nous critiquaient à nous aider. Puis, il y a eu la découverte du manuscrit du livre du Siracide (l’Ecclésiastique). Les protestants critiquaient l’Église catholique au sujet de ce livre prétendant qu’il ne remontait pas au temps des juifs. Dans les grottes de Qumrâm, ce manuscrit fut retrouvé avec du parchemin et des encres anciennes.

Q : Les grandes religions entretiennent des rapports particuliers avec leurs lieux saints. Cela génère même des conflits entre elles. Comme chrétiens, avons-nous un rapport différent avec l’espace géographique de la Terre sainte ? Par exemple, nous n’avons pas la prescription de nous y rendre en pèlerinage.

R : Distinguons les choses. Le chrétien n’a certes pas besoin de s’accrocher au sol, à la terre, car il est appelé à la Jérusalem céleste. Appelé à vivre d’un esprit, le chrétien n’a pas à vouloir d’un terrain. Néanmoins, comme humains, nous aimons connaitre la réalité historique du sauveur et de l’alliance. Les traces de la vie de Jésus prouvent qu’il ne s’agit pas d’une idéologie, d’une philosophie ou d’un simple récit, mais bien du vécu historique d’un homme. L’alliance que Dieu désire établir avec nous suppose un terrain qu’on ne peut s’approprier. La religion juive n’a pas commencé à Jérusalem, mais avec l’exode, dans la libération d’Égypte. Ce n’est que plus tard, avec David seulement, que Jérusalem a pris de l’importance.

Quant aux musulmans, ils sont invités à faire un pèlerinage à la Mecque, mais n’y sont pas obligés. C’est le 5e pilier de l’islam. S’ils ont assez d’argent et s’ils peuvent se le permettre sans léser les autres, ils pourront retourner aux sources du lieu du prophète Mahomet. Pour les musulmans, la Terre sainte n’a pas en soi beaucoup d’importance, mais elle revêt une connotation religieuse exprimant leur attachement à Abraham. L’islam étant une religion monothéiste. L’erreur a été de mettre Abraham sur le lieu du temple, alors que l’écrit employait une figure littéraire sans ancrage géographique. Ils veulent s’approprier ce lieu pour justifier leur monothéisme relié à Abraham.

 

Q : Dans le conflit Israélo-palestinien, les chrétiens pourraient-ils aider à dénouer l’impasse?

R : Je porte vraiment cette espérance. Il faudrait des chrétiens qui s’engagent à la manière de Martin Luther King ou de Mère Térésa. Actuellement aucune personnalité n’a ce charisme pour interpeler la société locale. Par ailleurs, beaucoup de chrétiens acceptent d’être le pont entre les juifs et les musulmans. Il y a de bonnes relations judéo-chrétiennes et des relations islamo-chrétiennes assez positives, mais peu de relations judéo-islamiques.

Les chrétiens vont avec les juifs parce qu’ils partagent l’Ancien Testament et avec les musulmans parce qu’ils partagent la même culture arabe. Ils sont pont parce qu’associés des deux côtés, mais aussi tampon recevant des coups des deux. Les israéliens considèrent les chrétiens comme étant arabes. À leurs yeux, ils ne sont pas de leur type. Et même si les chrétiens étaient palestiniens avant l’islam, les palestiniens d’aujourd’hui les considèrent comme des occidentaux à cause des croisades ou des colonies britanniques d’autrefois.

Q : En occident, le religieux parait dépassé. On croit que les religions divisent et causent des guerres. À votre avis, le conflit israélo-palestinien est-il favorisé par une impasse religieuse ou, au contraire, peut-il se dénouer justement par l’apport du religieux ?

R : Comme chrétiens en Terre sainte, nous n’avons pas à mêler politique et religion. On peut témoigner par notre comportement évangélique pour favoriser la fraternité avec les arabes par la culture, et avec les juifs par la recherche de vérité sur la Parole. Les chrétiens portent donc une responsabilité dans la résolution du conflit. L’acceptation mutuelle des différences et la volonté du vivre ensemble pour le développement du lieu favoriseront une convivialité harmonieuse.

Q : On ne peut ignorer les guerres ou les croisades du passé. Les chrétiens ont aussi leur faux-pas…

R : La mémoire et l’histoire peuvent cultiver le négatif. Il faut dépasser la souffrance lourde à porter pour créer un avenir et écrire une nouvelle page d’histoire. Après la deuxième guerre mondiale, l’Europe a été reconstruite par la réconciliation et le juste partage des ressources énergétiques. Les faux pas sont chez chacun. Il y a eu les persécutions des Romains, des razzias des musulmans, des exactions des chrétiens pendant les croisades, etc.

Q : En Palestine, nous voyons des salutations chaleureuses entre juifs, musulmans et chrétiens. Cela confond nos images de conflits.

R : Nous pouvons vivre ensemble sur cette terre où sont présentes les trois religions monothéistes. Cette convivialité est possible par une fraternité qui considère la personne dans ce qu’elle est et non par son groupe d’appartenance. Comme chrétien prêtre, un juif me verra comme quelqu’un partageant avec lui les valeurs de l’Ancien Testament. Si je rencontre un musulman, je le considérerai comme quelqu’un ayant une réelle vie spirituelle.

Q : Cette vision est-elle réciproque de la part de juifs et de musulmans envers vous?

R : Des amitiés se développent avec les uns et les autres. Avec des universitaires, on discute parfois du juif Jésus. Avec les musulmans, on peut apprécier la même cuisine ou partager les mêmes valeurs familiales. Par ailleurs, des contradictions règnent. Ainsi, des musulmans sont durs envers des chrétiens adoptant un enfant; en islam, on n’adopte pas un enfant né hors mariage ou abandonné par ses parents. Des Juifs voient d’un mauvais œil la venue de nombreux pèlerins alors qu’eux sont moins nombreux. Ils se sentent rejetés. Alors ils se font très visibles, parfois avec des pressions démonstratives ou militaires.

En quelques mots…

Votre site biblique coup de cœur? Après Jérusalem, c’est Césarée-Maritime et le Lac de Galilée. Césarée-Maritimes marque le début de la mission de l’Église avec Saint Pierre et Saint Paul. Jérusalem est le lieu de la nouvelle vie de ressuscité qui apparait pour la première fois dans l’histoire. Et le lac de Galilée est d’une harmonie absolument merveilleuse et porte à la contemplation.

Être guide en Terre sainte garantit-il votre propre feu sacré? Mon feu sacré, c’est de faire aimer Jésus sur sa terre et dans sa Parole. Le faire aimer, servir et connaitre à partir de l’Église qu’il a formée. Je souhaite que chaque personne réalise qu’elle peut devenir terre sainte à son tour.

Malgré vos itinéraires chargés et votre pas rapide, vous prenez toujours le temps d’interagir avec les gens et particulièrement les enfants. Qu’est ce que cela dit de vous? J’aime bien être en relation. Les déplacements doivent être rapides afin qu’on puisse être en relation! Et l’enfant m’apparait une trace de la présence divine dans son innocence, dans sa spontanéité d’accès au mystère. Cela fait sa beauté. Il n’a pas encore été fabriqué, il porte encore des manques et des désirs! Jésus s’en émerveillait!

                                             ENCADRÉS

Faits saillants

  • Polyglotte : Français, Néerlandais, Anglais, Allemand, Italien (base) et Espagnol (base).

Langues bibliques : Latin, Grec, Araméen, Arabe classique (base) et Hébreu moderne (base)

  • 1976, candidat ingénieur civil de l’Université catholique de Louvain. Il se réoriente préférant construire l’Église plutôt que des ports et des aéroports!
  • 1979, profès chez les Dominicains; 1986, ordonné prêtre.
  • Engagé dans l’éducation par les médias, les Équipes Notre-Dame et comme Commandeur dans l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
  • Professeur émérite de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.
  • Animateur de pèlerinages aux pays de la Bible depuis 20 ans.
  • Conférencier, prédicateur de retraites bibliques et organisateur d’expositions sur les chrétiens du Proche-Orient et de la Terre sainte.

Pas facile à suivre !

Les pèlerins guidés par le Père Christian remarquent vite son agilité et son énergie. Certains peinent à le suivre! Il aura 68 ans le 26 janvier prochain! La veille de leur retour, le groupe apprenait qu’à 22 ans, il avait eu les jambes écrasées par un camion. Il ne pouvait plus marcher. Cinq opérations et multiples thérapies avec des orthopédistes, chirurgiens esthéticiens, traumatologues lui ont permis de réapprendre à marcher… et à courir!

 

L’École biblique et archéologique française de Jérusalem

Site web :        www.ebaf.edu/fr/

L’École:          23 frères de 11 nationalités différentes; 40 étudiants et 20 professeurs.

Fondation :     1890 par le Père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain français.

                        Son procès en béatification a été ouvert en 1988

Distinction :    Notoriété scientifique dans les disciplines de l’épigraphie, la linguistique sémitique, l’assyriologie, l’égyptologie, ainsi qu’en histoire ancienne, en géographie et ethnographie.

Publication :   Traduction française de la Bible, connue sous le nom de Bible de Jérusalem (1956, 1973, 1998) qui allie qualité littéraire des traductions et rigueur critique.

 

En temps de pandémie

Quel est l’impact de la pandémie sur les pèlerinages en Terre sainte?

L’absence de groupes de pèlerins a provoqué une grave crise de chômage sans sécurité sociale, ni plan de sauvetage des emplois déjà précaires en Palestine. Agences de voyage, imprimeries et hôtels ont dû fermer. Aussi, le ministre israélien du tourisme a démissionné en octobre, pour des raisons plus politiques que sécuritaires.

 

Comment la pandémie vous a-t-elle affecté?

J’ai présenté la Terre Sainte par Zoom (https://youtu.be/hYhyR6VAP5c ) et des formations « theodom » sur la ‘toile’ (www.theodom.org). J’ai davantage médité et lu. La fécondité vient de l’attention bienveillante pour les proches, plusieurs souffrent des habitudes bouleversées. Elle provient aussi de la créativité et de la réflexion à un présent de conversion personnelle, à un avenir moins pollué et moins corrompu.

 

 

C’est maintenant qu’il faut réfléchir sur l’après

Article tiré de la revue Pastorale-Québec, décembre 2020

Entrevue avec Mgr Marc Pelchat sur son dernier livre

Propos recueillis par René Tessier

Mgr Marc Pelchat a publié, début novembre chez Médiaspaul: Accueillir la vie d’après — Réflexions pour un temps de pandémie. Il y devise à partir des expériences vécues dans la cadre du confinement, puis du déconfinement et du reconfinement partiel des derniers mois; pour nous comme citoyens et personnes croyantes, pour notre Église et pour notre société québécoise, appelées à de nouveaux passages au sortir de la crise. R.T.

Q: Bonjour, Mgr Pelchat. Vous écrivez que la crise des derniers mois « a fait ressortir nos faiblesses ». D’après vous, quelles leçons pouvons-nous tirer, à ce moment-ci, de la pandémie que nous affrontons?

R: C’est précisément la question que je souhaiterais nous voir aborder ensemble. C’est d’ailleurs à cette fin que j’ai écrit ce petit livre, qui ne prétend pas répondre à toutes les interrogations, du reste. Mon premier questionnement est celui-ci : est-ce que nous aurons vécu un véritable événement — qui ouvre des lendemains pour nous — ou est-ce que le temps aura été tout simplement suspendu pendant plusieurs semaines. Nous avons beaucoup entendu dire : « ce ne sera plus pareil désormais ». Mais le changement ne sera pas automatique, il ne peut qu’être le produit de décisions que nous aurons prises collectivement. Au plan pastoral, il nous appartient d’examiner ensemble et de décider localement comment nous pouvons faire différemment. Nous ne pouvons pas miser uniquement sur le rassemblement eucharistique, nos propositions ne peuvent pas se limiter seulement à la messe, même si celle-ci reste très importante.

Q: Dans le livre, c’est remarquable : vous réfléchissez autant sur l’avenir de notre société que sur celui de l’Église au Québec…

R: Les deux sont interpellées, il me semble. Les questions à nous poser devraient permettre d’identifier ce que nous voulons changer autour de nous. Les changements, même les plus nécessaires ou les plus souhaitables, ne se feront pas d’eux-mêmes, comme par enchantement. C’est le temps, maintenant, de décider ce que nous voulons modifier, dans nos habitudes d’abord, dans notre monde ensuite. Par exemple, si je veux privilégier l’achat local (une préoccupation souvent nommée ces derniers mois), je dois l’inscrire résolument dans mes habitudes.

Q: Nous sommes soumis, depuis la fin septembre, à de nouvelles restrictions, après une période « de relâchement »… 

R: Certes, les autorités publiques ont dû improviser et corriger le tir à quelques reprises. Nous n’étions vraiment pas préparés à ce qui nous est arrivé. Au fil du temps, la pandémie a réveillé plusieurs questionnements. Nous avons réalisé plus qu’auparavant à quel point nos aînés étaient souvent mis de côté et abandonnés; comme nous avons pris conscience de l’importance du rôle des soignants et des préposés, pas toujours bien rémunérés. Notre lecture de la situation devrait nous inspirer pour un redressement collectif. Nous avons même fait l’expérience, temporairement, d’une forme de revenu universel garanti; pourrions-nous pérenniser une telle formule? Je ne prétends pas maîtriser parfaitement le sujet mais je me souviens qu’un ancien collègue doyen à l’Université Laval, François Blais, devenu ministre québécois de l’Emploi et de la Solidarité sociale, avait beaucoup réfléchi sur le principe et sa mise en application. Il a dessiné les contours d’une politique viable en la matière. De même, une médecine à domicile, une meilleure reconnaissance des aidants dits naturels, tout cela serait peut-être une bonne manière de prendre soin des plus fragiles d’entre nous: les plus âgés, les personnes malades ou handicapées…

Q : Vous relevez au passage une déclaration de l’Organisation mondiale de la santé, qui a déclaré que « la spiritualité joue un rôle dans la gestion d’une épidémie de grande envergure » (p.72), quelque chose que le Québec a sans doute négligé plus que les autres cette année?

R : En effet. Nous l’avons fait valoir auprès de la Direction de la santé publique et du Premier ministre (via des intermédiaires, forcément). Les groupes confessionnels représentent une importante source de soutien pour les communautés humaines qu’ils servent. Cela peut se vérifier partout dans le monde. La vie ne peut pas se résumer aux activités financières et commerciales… 

Q: Vous faites valoir qu’historiquement, les crises ont été des instants de remises en question et de transformation de nos façons de vivre. Ces jours-ci (quelques heures après les attentats dans le Vieux-Québec le soir du 31 octobre), on s’inquiète soudain du support à la santé mentale au Québec…

R: Vous savez, plusieurs maisons de répit ont dû fermer leurs portes pendant ces premiers mois de pandémie. Alors que nous nous sommes retrouvés avec plus de temps libre, nous avons pu prendre conscience de l’importance des relations humaines dont nous pouvions être privés. La relation avec autrui, nous disent les philosophes, c’est en définitive ce qui définit le moi et la vie (p.28 du livre). Pendant les semaines moins remplies que j’ai eues après le retour de convalescence du cardinal Lacroix, j’ai rejoint par téléphone plusieurs personnes avec lesquelles mes contacts étaient parfois trop irréguliers.

Q: À en juger d’après votre livre, vous avez aussi lu abondamment. Vous citez une grande variété de sources, des parutions récentes de magazines mensuels comme Philosophie, Esprit et Relations, des livres comme Le monde d’hier, de Stefan Sweig, ou Trouver son équilibre intérieur, du moine Anselm Grün, et même Tintin au Tibet.   

R: Oui, tout cela, joint à mon expérience personnelle de théologien en ecclésiologie, a alimenté ma méditation. Le journal Le Soleil a publié, fin avril, un texte dans lequel je réfutais l’idée que la pandémie nous soit envoyée par Dieu, en « châtiment » pour nos déviations. Vous savez, nos devanciers en Église ont eux aussi affronté des épreuves pénibles et « ils ont puisé dans le trésor de leur foi pour traverser ces temps difficiles » (p.39). Oui, pour répondre à votre question, après avoir renoué avec la lenteur, j’ai profité de temps libres qui m’étaient donnés pour lire et écrire, en particulier les fins de semaines qui se voyaient dégagées tout à coup. J’ai puisé aussi dans les cahiers du Devoir pour bien saisir l’état de la situation à la grandeur du Québec. Je souhaite surtout, en publiant un tel livre, que la réflexion soit reprise et partagée par un grand nombre de gens.   

Q: Vous présentez (pp. 52-55) la vie spirituelle comme un mouvement qui part de l’extérieur pour aller vers l’intérieur. Pouvez-vous expliquer brièvement ce que vous entendez par là?

R: Certainement. Je dirais qu’il s’agit d’identifier d’abord ce que nous éprouvons, nous ressentons extérieurement pour ensuite rentrer en soi, en quelque sorte. Même quelqu’un qui prie moins régulièrement peut néanmoins repérer ce qui le fait vivre ou le remue et, à partir de là, remonter dans les profondeurs de son être. À quoi est-ce que j’aspire profondément? Quelle est mon espérance? La vie spirituelle consiste à aller plus loin que la réalité qui nous entoure, en scrutant nos désirs pour mieux retourner à ce qui nous anime. 

Q: Ici, vous empruntez le schéma d’un grand auteur qu’on trouve souvent difficile à saisir, Pierre Teilhard de Chardin?

R: Surtout à travers ce qu’Henri de Lubac aura mis en évidence dans son œuvre prolifique: il propose une démarche qui commence par: 1) se centrer sur soi (écouter son cœur, regarder ses actions, ses gestes; puis 2) se décentrer vers l’autre et, enfin: 3) se recentrer sur plus grand que soi. Teilhard résume ainsi : être d’abord pleinement, aimer ensuite et finalement adorer. J’ai voulu recadrer le concept d’une vie spirituelle qui serait exclusivement intérieure. En fait, « notre univers, avec tout ce que nous vivons et éprouvons à l’extérieur, nous aide à déceler une ‟intériorité brûlante” que nous en pouvons ignorer. » (p.53) Et l’intériorité devrait nous stimuler à transformer le monde, pas nous replier sur nous-mêmes.

Q: Les malaises nés du virus et ses dangers ont suscité toutes sortes de pratiques religieuses; certaines peut-être contestables?

R: Multiplier les expositions du Saint Sacrement jusque sur YouTube ne me paraît pas très avisé. La foi chrétienne ne relève pas de la magie. Il nous a fallu résister à des requêtes ou des suggestions qui relevaient du matérialisme sacramentel. Nous avons bien plus à gagner en puisant dans notre tradition catholique. Alors que j’étais responsable intérimaire du diocèse, j’ai fait un pèlerinage chez les Augustines de l’Hôtel-Dieu, pour y invoquer Catherine de Saint-Augustin, soignante modèle. Au passage, je me suis arrêté au tombeau de Mgr de Laval, qui a lui aussi pris un soin particulier des malades. Le pape François avait donné le ton auparavant, en portant la Croix et une image de Marie jusqu’à une église de Rome.

Q: Ce qui nous conduit à vos suggestions en fin de volume (pp. 81-82), pour modifier notre exercice de la mission?

R: Pour voir comment nous y parviendrons, il nous faut d’abord nous y arrêter, en prenant le temps requis. Ça me déçoit vraiment de voir, en plein cœur d’une réunion prioritaire, un prêtre quitter parce qu’il va célébrer la messe, par exemple. Avec des territoires de plus en plus grands à couvrir, il va falloir accepter que nous ne pouvons plus offrir autant de messes. Pour avancer, si nous commencions par libérer du temps? Pour nous « creuser le coco » ensemble et préciser comment nous pouvons répondre aux besoins du peuple de Dieu que nous desservons. Ce que nous dit l’Évangile de ce matin (4 novembre: Luc 14, 25-33): « Celui qui veut construire une tour va commencer par s’asseoir pour calculer la dépense », tout comme le roi qui part en guerre va évaluer ses forces et ses moyens. Dans Evangelii Gaudium, le pape François nous explique que le temps est supérieur à l’espace. Autrement dit, le temps (long) est un incontournable dans l’action pastorale, les processus de croissance ne peuvent être initiés que dans la durée. Alors, apprenons à sortir des tourbillons dans lesquels nous sommes plongés.

Q: C’est dans cette logique que notre Archevêque a décrété une pause en initiation chrétienne, pour réfléchir à une relance de l’éducation de la foi?

R: Oui, en particulier à l’endroit des adultes. Nous sommes un peu comme Nicodème, dérouté par la parole de Jésus : « Il te faut renaître » (Jean 3, 1-21). Jésus nous indique qu’il est nécessaire de changer, de devenir un homme nouveau. Nous savons que cela n’est jamais facile, mais le Christ nous rappelle aussi que « l’Esprit souffle où il veut ». Il y a en nous toute une force d’inertie à surmonter; pensons seulement à tous ces rapports rédigés avec soin, après une large consultation, qui reposent sur des tablettes et ne seront jamais mis en œuvre! 

Q: En somme, votre livre veut susciter un effort de réflexion à plusieurs, de concertation pour arriver ensemble à « faire différemment »?

R: Il me paraît clair que l’Église du Québec ne peut échapper à la nécessité de faire autrement, d’inventer de nouveaux passages vers l’Évangile. L’échange doit se vivre maintenant; sinon, la pandémie terminée, nous serons fortement tentés de revenir tout simplement à nos anciennes pratiques. C’est maintenant qu’il nous faut réfléchir sur l’après.     

Q: C’est clairement ce à quoi vous nous conviez dans votre livre. Mgr Pelchat, merci d’avoir « pris le temps » pour cette entrevue, après avoir « pris le temps » de le rédiger.