On m’a invité à regarder un extrait de l’émission MARINA du 4 octobre dernier animée par Marina Orsini. Dans cet extrait, madame Orsini accueillait comme invité monsieur Marc Hervieux et le chroniqueur en actualité religieuse, monsieur Alain Pronkin. On y a abordé la question des péchés capitaux. À la lumière de ce qui a été dit, il m’est apparu pertinent de resituer ce qu’est le péché.

La traduction du terme hébreu qui a résulté au mot français « péché », se traduit plus justement par « rater la cible ». Ce ratage de cible est principalement conçu comme étant en rapport avec la relation entre humains et entre un humain et Dieu. Toute la Bible nous démontre que Dieu n’a d’autre projet pour l’humain que celui-ci soit réussi et accompli le plus possible. Un humain qui, avec et en Dieu, chercherait à devenir toujours plus humain.

Le péché peut ainsi être considéré comme une expression de rupture temporaire ou définitive, choisie librement par l’humain, au projet d’Alliance que Dieu lui propose. En effet, dans son amour, Dieu a choisi de laisser l’humain libre de choisir le bien ou le mal. C’est ce que l’on appelle le libre-arbitre. C’est ainsi que l’on peut comprendre le péché comme un acte ou une pensée qui seraient désajustées, déréglées et qui ratent la cible en brisant la relation entre les humains (incluant soi-même) et par conséquent à Dieu puisque tout ce qui concerne l’humain intéresse au plus haut point le Dieu des chrétiens.

Et les péchés capitaux alors? Que veut dire ce « capitaux » qu’enseigne le Tradition de l’Église? On dit de ces péchés qu’ils sont capitaux parce qu’ils sont à la source de tous les autres péchés pouvant être commis. Nous pourrions imager cela en disant que ce sont les grandes artères qui conduisent au réseau routier de toutes ces autres routes qui peuvent conduire l’humain à choisir de rompre sa relation d’Alliance à Dieu et à ses semblables. C’est dans cette perspective, que je propose ici, de manière insuffisante et rapide, une description de chacun des sept péchés capitaux :

L’Orgueil
Je rate la cible en me situant au-dessus des autres ou des situations. C’est le contraire de l’humilité qui n’est pas s’écraser, mais bien se situer dans une réalité de faiblesse et de fragilité propre à chaque humain. L’orgueil est un choix de nier cette particularité de la condition humaine.
L’Avarice
Je rate la cible en accumulant à outrance ce que je pourrais partager de manière plus ajustée. Ce faisant, je prive quelqu’un d’un nécessaire. Il ne s’agit pas de se faire plus pauvre que pauvre. Il s’agit de partager pour que la justice, qui consiste à ce que chacun ait à tout le moins le minimum nécessaire, puisse être réalité.
L’Envie
Je rate la cible en voulant m’approprier ce qui n’est pas à moi ou ce que je n’ai pas travaillé à avoir justement. Je peux envier une chose, une qualité et, dans le pire des cas, une personne. On parle alors d’un dérèglement face à ce qui me revient de droit. L’envie n’est pas l’ambition par ailleurs. Il est légitime de vouloir améliorer son sort, mais pas au détriment des autres ou de la justice.
La Colère
Je rate la cible en consentant perdre ma paix intérieure et où Dieu m’habite, au détriment d’un dérèglement de mon humeur. La plupart du temps, la colère brise les choses et surtout la relation aux autres. Lorsque l’on ne se possède plus, on peut alors dire que l’on est possédé.
La Luxure
Je rate la cible quand je fais de la sexualité une expression de consommation alors qu’elle devrait toujours en être une de communion, de tendresse, d’amour et de fécondité (avec ou sans bébé…). C’est briser ma relation à l’humain en le réduisant à un objet qui sert mon plaisir et ma jouissance physique, qui, par ailleurs, ne sont pas mauvais comme tel. C’est le comment je me les procure qui peut-être de l’ordre d’un « rater la cible ».
La Paresse
Qu’elle soit physique ou spirituelle, je rate la cible lorsque je choisis de ne pas mettre en œuvre et au service des autres les talents acquis ou développés qui sont les miens et qui font de ma vie une réalité féconde à laquelle le Seigneur m’invite de tant de manières. La paresse me retourne vers moi-même (comme tous les péchés). Je me choisis MOI au lieu de fabriquer ma joie dans le service à Dieu et aux autres. La paresse n’a par ailleurs rien à voir avec le repos qui lui, est légitime.
La Gourmandise
Je rate la cible quand je surconsomme des aliments ou tout ce qui se consomme. Ce faisant, je nuis à mon corps qui est le temple de l’Esprit. Mais pire encore, j’encourage le dénuement des autres que j’enferme dans l’esclavage de la production ou la privation d’un nécessaire vital. Je ne me culpabiliserai pas de prendre trois repas par jours. Mais quand je sur-mange, je mange, même si dans les faits ça ne change rien, ce qu’un autre ne mangera pas. C’est encore une fois un déséquilibre.

En parlant du péché, l’Église catholique est-elle vraiment plus négative que positive?
Trop longtemps, et cela commence à faire longtemps, une trop grande portion du clergé de notre Église a enseigné les fidèles en jouant la corde morale de la foi : péchés, commandements, rapport du mal au bien. Ce fait historique s’explique, ce que je ne ferai pas ici. Disons seulement que sur deux milles ans, le christianisme s’est inscrit dans toutes les mouvances de l’histoire qu’il a traversées. Rappelons cependant que ces dérives historiques ne sont plus aujourd’hui, dans ce temps de l’histoire humaine qui est le nôtre (sauf quelques courants chrétiens plus fondamentalistes). Depuis le concile Vatican II, l’Église s’est tournée vers une proclamation de cette Miséricorde du Seigneur qui supplante largement tout le mal et tous les péchés que l’humain peut commettre. Saint Jean écrivait dans sa première lettre : « Quand bien même votre cœur vous condamnerait, Dieu est plus grand que votre cœur » (Jn 1, 3). Le catéchisme, les commandements, – il serait plus pertinent de traduire par « enseignements » – la morale, le Credo, tout cela est certes très important. Mais ils ne peuvent résonner de manière ajustée chez les croyants catholiques que s’ils ont d’abord vécu quelque chose de l’ordre d’une rencontre avec le Christ. La foi catholique a davantage à proclamer l’Évangile, « une heureuse annonce qui change la vie » que tout ce qui empêche d’accéder à cette vie. On n’est plus tellement chrétien quand on parle plus du péché ou du diable que du Salut et du bon Dieu.

Pour aller plus loin :

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-sacrements/la-penitence-et-la-reconciliation/415970-quest-ce-que-le-peche/

http://www.ktotv.com/video/00160361/quels-sont-les-sept-peches-capitaux