Saviez-vous que dans la revue diocésaine Pastorale-Québec, notre rédacteur en chef René Tessier propose plusieurs brefs textes qui analysent l’actualité d’ici et d’ailleurs. Il pose un regard sur les nouvelles ecclésiales, autant que sur les enjeux de société. Voici quelques exemples de brèves, plus bas.
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Un été vraiment très chaud aux États-Unis !
Dès le début de la saison estivale, les débats intenses autour de questions brûlantes se sont multipliés chez nos voisins du Sud. C’en était parfois étourdissant. D’abord, la Commission d’enquête mandatée par le Congrès a fait ressortir encore plus clairement la tentative de coup d’État organisée par l’ex-président Donald James Trump le 6 janvier 2021, alors qu’il refusait de s’incliner devant le résultat, pourtant très clair, des élections présidentielles de novembre précédent. Puis, comme les tueries de masse ne cessaient de se répéter, le même Congrès a finalement abouti à un accord bipartisan qui resserre le contrôle sur les jeunes acheteurs d’armes, exige des vendeurs qu’ils procèdent plus souvent aux vérifications requises et durcit les pénalités pour les trafiquants illégaux.
Mais c’est surtout la révocation par la Cour Suprême, fin juin, de l’arrêt de 1973 Roe vs Wade qui a fait monter de plusieurs crans les tensions. En vertu de celui-ci, aucun État ne pouvait interdire totalement l’avortement; tout au plus pouvait-on le baliser, par exemple en le limitant au premier tiers de la grossesse. Désormais la brèche est ouverte pour les mouvements pro-vie. Le lendemain de la décision rendue par six des neuf juges du plus haut tribunal, des centaines de milliers de personnes manifestaient dans les rues — une minorité laissait éclater sa joie — et au moins trois États décrétaient des lois prêtes depuis quelque temps pour empêcher toute interruption de grossesse sur leur territoire. À nouveau, là comme sur tant d’autres sujets, les États-Désunis d’Amérique n’ont pas fini de s’affronter, sachant la radicalisation des uns et des autres.
La « rafle des années ‘60 »
L’affaire n’a rien à voir avec l’Église catholique mais elle compte au nombre des blessures dont se plaignent aujourd’hui encore les Autochtones canadiens. Elle s’étend, malgré son nom, du milieu de la décennie 1950 jusqu’en 1982. Dans l’Ouest canadien et dans certaines parties de l’Ontario, environ 20 000 enfants des Premières Nations ont été arrachés à leurs parents pour être confiés en adoption. Les familles adoptives étaient du Canada, mais souvent des États-Unis et parfois même d’Europe. La plupart des enfants ainsi déracinés n’ont jamais retrouvé leur parenté biologique. Dans le cadre d’une réclamation apparentée aux recours collectifs, 20 500 plaignants auraient reçu un montant de 21 000 $ chacun, alors que 12 000 demandes auraient été rejetées.
On aura compris que le tout faisait partie du même plan d’assimilation mis de l’avant par les autorités gouvernementales du Canada. Celles-ci prétendaient assurer aux enfants concernés « un avenir bien meilleur ».
Triste dans le cœur, jusqu’à la fin
Le grand écrivain italo-slovène Boris Pahor est mort le 30 mai dernier dans sa ville de toujours, Trieste. Il avait atteint l’âge très respectable de 108 ans et était, depuis des années, le doyen de la littérature mondiale. Une partie du grand public l’avait découvert à travers Pèlerin parmi les ombres (Phébus, 1990), où il raconte son expérience de prisonnier dans les camps de la mort. En 2013 avait été édité en français, chez Pierre-Guillaume de Roux, son ouvrage de 1955, Quand Ulysse revient à Trieste: une population slovène qui veut se libérer des fascistes et de la guerre, en 1943, un jeune idéaliste déchiré par ses amours pour deux femmes que tout oppose …
À sept ans seulement, le jeune Boris assiste à l’incendie par les fascistes italiens de la Maison de la culture slovène; un traumatisme qui l’habitera toute sa vie. Quand les Allemands prennent le contrôle de la région fin 1943, il joint les rangs de l’Armée de libération yougoslave. Capturé, il est interné dans les camps de Dachau, de Mittelbau-Dora et de Bergen-Belsen. La plupart de ses romans tirent leur source de cette épreuve. Au cours de sa longue vie, il aura vu son coin de pays balloté d’un pays à l’autre mais restera toujours profondément attaché à son identité slovène.
Réforme organisationnelle au Vatican
La nouvelle Constitution apostolique sur la Curie romaine, Praedicate Evangelium, est entrée en vigueur le 5 juin, dimanche de la Pentecôte. Avec elle est née la nouvelle Direction des ressources humaines. La gestion du personnel travaillant au Vatican a été transférée de la Secrétairerie d’État, traditionnellement le dicastère le plus important, au Secrétariat pour l’économie. Le remaniement annonce probablement que les employés du Vatican se verront proposer un perfectionnement professionnel, tout en promettant des récompenses pour l’excellence démontrée par une évaluation et en laissant entrevoir une meilleure synergie grâce au travail collaboratif et à une plus grande communication entre les dicastères. Ces mesures pourraient aussi faire diminuer les doublons inutiles et favoriser une plus grande mobilité à l’intérieur de l’organisation vaticane.
Dès 2014, le pape François avait institué le Conseil pour l’économie et son pendant, le Secrétariat pour l’économie, dont la mission consiste à superviser toutes les affaires administratives et économiques du Saint-Siège. Son directeur est présentement le père Juan Antonio Guerrero Alves, un jésuite. En 2015, le pape François a créé le Secrétariat pour la communication, confié à un préfet laïc et intégrant pas moins de neuf organes de communication. En 2016, le dicastère pour la Famille, les Laïcs et la vie est venu unifier le Conseil pontifical pour les laïcs et le Conseil pontifical pour la famille. S’est ajouté, la même année, le Service du développement humain intégral, qui coordonne les activités habituelles pour la justice et la paix, pour les migrants et la santé ainsi que toutes les contributions de Caritas Internationalis (dont Développement et Paix est la branche canadienne). Comme on le voit, le Pape souhaite une meilleure convergence entre toutes les instances du Vatican.