Article tiré de la revue Pastorale-Québec, mars 2020
En mémoire de…
Fils d’Octave Paquet et de Marie Brochu, Raymond est né le 3 juillet 1934 à Saint-Prosper, en Beauce. Quelques années son bac ès arts (cours classique), il fut admis au Grand Séminaire de Québec à 34 ans, en 1968. Il y compléta son baccalauréat en théologie et une maîtrise en théologie pastorale. Après un stage à la paroisse Sainte-Angèle de Saint-Malo, il fut ordonné diacre transitoire le 8 juin 1974 et ensuite prêtre, le 3 août de la même année, à 40 ans.
Il fut d’abord vicaire à Notre-Dame-des-Laurentides (1974-76), puis à Saint-David de Lauberivière (1976-80) et à la Nativité de Notre-Dame, dans le vieux Beauport. Il prit ensuite une année de ressourcement au Centre de spiritualité Manrèse, à Québec, et vécut le stage de Pierrefonds au printemps 1989. Après quoi il devint administrateur, puis curé, à la (vieille) paroisse Sainte-Famille de l’Île d’Orléans. En 1997, il accepta la nomination de vicaire à Saint-Georges (Ouest) et Saint-Jean-de-la-Lande, y ajoutant Saint-Philibert l’année suivante. Toujours en Beauce, il oeuvra par la suite pendant 11 ans comme animateur de pastorale au Centre hospitalier Beauce-Etchemin, à raison de trois jours/semaine.
Raymond était connu pour sa grande timidité. Par exemple, quand la télévision de Radio-Canada a enregistré la messe dominicale à Beauport, en mai 1988, il s’est empressé de fuir en Beauce pour échapper aux caméras. Mais sa réserve naturelle et sa gêne ne l’empêchaient pas d’être apprécié par ses commettants qui, en assez peu de temps malgré tout, apprenaient à le connaître avec ses qualités de cœur. Il savait écouter, incontestablement; il savait aussi donner, à chaque personne qu’il rencontrait, l’impression qu’elle était importante Et sa candeur lui valait la confiance de plusieurs, jeunes et moins jeunes. C’est ainsi qu’il a assuré une belle présence auprès des Scouts et Guides qu’au sein du groupe de grands ados qu’il avait aidé à mettre sur pied à Beauport.
Il est mort au Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches, en Beauce, le 8 janvier dernier. Ses funérailles ont été célébrées le 18 janvier en l’église de l’Assomption de Marie, à Saint-Georges. Son inhumation se fera après le retour de la belle saison, au cimetière de Saint-Prosper.
Née à Trois-Rivières le 13 juillet 1917 (eh oui, elle avait 102 ans!), Louise, encore un nourrisson au sein d’une famille de huit enfants, a suivi rapidement celle-ci partie s’installer à Toronto, dans le quartier Rosedale. C’est là-bas qu’elle a fait ses classes primaires et secondaires. Arrivée au Monastère du Vieux-Québec en 1936, venue notamment y apprendre le français, elle a prononcé ses vœux en 1942, à l’âge de 25 ans. Elle était très reconnaissante envers sa communauté religieuse, qui lui a permis de poursuivre des études supérieures; elle a obtenu pas moins de trois maîtrises, en biologie, en sciences de l’éducation et en littérature anglaise. Elle a enseigné la biologie pendant plusieurs années dans un établissement tenu par les Ursulines, à Saint-Léonard au Nouveau-Brunswick; là, avec ses consoeurs enseignantes, elle pouvait organiser pour les élèves des représentations théâtrales dont elle préparait avec soin les décors. Elle a aussi enseigné la biologie et l’anglais au Collège de Mérici, sur la Grande-Allée à Québec. Là, dans son laboratoire improvisé, elle préparait pour ses élèves des expériences avec les « petites bêtes ». Elle savait, dit-on, se montrer à la hauteur des talents que lui avait prodigués le Seigneur.
Sœur Louise était reconnue aussi pour sa grande habileté artistique, qu’elle déployait dans ses nombreuses aquarelles, dont plusieurs décoraient les corridors dans le couvent du Vieux-Québec. Spécialisée en histoire de l’art, elle a été affectée pendant quelques années à l’accueil des visiteurs, au monastère comme au Musée (adjacent) des Ursulines. Bon nombre de ses aquarelles illustraient d’ailleurs des scènes tirées de l’histoire de sa congrégation, comme celle montrant sept religieuses tricotant de longs bas pour les soldats écossais du régiment des Highlanders, pendant l’hiver 1759-60, juste après la conquête de Québec. (Les Écossais portant le kilt, ils avaient les jambes nues, ce qui est peu pratique pour affronter l’hiver québécois.) Sœur Louise a aussi signé plusieurs aquarelles repassant la vie de Marie de l’Incarnation. Elle a aussi touché à la calligraphie.
Un aspect peut-être moins connu de son histoire de vie, c’est son engouement pour les sports : son équipe de ballon-volant au Nouveau-Brunswick, les régates, le tennis, le vélo et la nage l’été au lac Trois-Saumons, du temps de sa prime jeunesse en compagnie de sa famille. En revanche, on ne ratait pas de remarquer sa jovialité.
Cette grande dame si polyvalente a pourtant éprouvé de sérieux ennuis de santé dans sa jeunesse (il est d’ailleurs fascinant d’observer que ce fut le cas de plusieurs centenaires comme elle) : elle contracta d’abord la poliomyélite et dut être opérée pour pouvoir marcher aussi normalement que possible; après quoi une tuberculose la confina un an dans un sanatorium. Elle n’en a pas moins gardé son large sourire et son enthousiasme jusqu’à la fin.
Elle est décédée le 6 janvier, aux Jardins d’Évangeline, la résidence que les Ursulines partagent avec les Servantes du Saint-Cœur de Marie, tout près de l’Hôpital Robert-Giffard. Ses funérailles, présidées par l’aumônier Michel Roberge, ont été célébrées le 17 janvier, en l’église Notre-Dame-de-l’Espérance. Ses sept frères et sœurs étaient morts avant elle. Sa nièce Madeleine Godin Locas l’a remerciée publiquement pour son soutien attentif jadis, alors que la jeune fille se familiarisait avec la vie de pensionnaire à des centaines de kilomètres de chez elle.