Audience du 19 juin. Église: « L’unité est supérieure aux conflits, toujours! »
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, je m’arrête sur une autre expression par laquelle le Concile Vatican II indique la nature de l’Église : celle du corps ; le Concile dit que l’Église est le Corps du Christ (cf. Lumen gentium, n. 7).
Je voudrais partir d’un texte des Actes des Apôtres que nous connaissons bien : la conversion de Saul, qui s’appellera ensuite Paul, l’un des plus grands évangélisateurs (cf. Ac 9, 4-5). Saul est un persécuteur des chrétiens mais, alors qu’il parcourt la route qui conduit à la ville de Damas, une lumière soudaine l’enveloppe, il tombe à terre et entend une voix qui lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? ». Lui, il demande : « Qui es-tu, Seigneur ? », et cette voix répond : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes » (vv. 3-5). Cette expérience de saint Paul nous dit combien l’union entre nous chrétiens et le Christ lui-même est profonde. Lorsque Jésus est monté au ciel, il ne nous a pas laissés orphelins, mais avec le don du Saint-Esprit, l’union avec Lui est devenue encore plus intense. Le Concile Vatican II affirme que Jésus « en communiquant son Esprit à ses frères, qu’il rassemblait de toutes les nations, les a constitués, mystiquement, comme son corps » (Const. dogmatique Lumen gentium, n. 7).
L’image du corps nous aide à comprendre ce lien profond entre l’Église et le Christ, que saint Paul a développé de façon particulière dans la Première Lettre aux Corinthiens (cf. chap. 12). Avant tout, le corps nous rappelle à une réalité vivante. L’Église n’est pas une association d’assistance, culturelle ou politique, mais elle est un corps vivant, qui marche et agit dans l’histoire. Et ce corps a une tête, Jésus, qui le guide, le nourrit et le soutient. C’est un point que je voudrais souligner : si l’on sépare la tête du reste du corps, la personne tout entière ne peut survivre. Il en est de même dans l’Église : nous devons demeurer liés de façon toujours plus intense à Jésus. Mais pas seulement cela : de même que dans un corps, il est important que circule la sève vitale afin qu’il vive, ainsi, nous devons permettre que Jésus agisse en nous, que sa Parole nous guide, que sa présence eucharistique nous nourrisse, nous anime, que son amour nous donne la force d’aimer notre prochain. Et cela toujours ! Toujours, toujours ! Chers frères et sœurs, demeurons unis à Jésus, ayons confiance en Lui, orientons notre vie selon son Évangile, nourrissons-nous de la prière quotidienne, de l’écoute de la Parole de Dieu, de la participation aux Sacrements.
J’en arrive à présent à un deuxième aspect de l’Église comme Corps du Christ. Saint Paul affirme que de même que les membres du Corps humain, bien que différents et nombreux, forment un seul corps, ainsi, nous tous avons été baptisés à travers un seul Esprit dans un seul corps (cf. 1 Co 12, 12-13). Dans l’Église, il y a donc une variété, une diversité de devoirs et de fonctions ; il n’y a pas une plate uniformité, mais une richesse de dons que distribue le Saint-Esprit. Mais il y a la communion et l’unité : tous sont en relation les uns avec les autres et tous contribuent à former un unique corps vital, profondément lié au Christ. Rappelons-nous le bien: faire partie de l’Église signifie être unis au Christ et recevoir de Lui la vie divine qui nous fait vivre comme des chrétiens, cela signifie demeurer unis au Pape et aux évêques qui sont des instruments d’unité et de communion, et cela signifie également apprendre à surmonter les personnalismes et les divisions, à mieux se comprendre, à harmoniser les diversités et les richesses de chacun ; en un mot, à aimer davantage Dieu et les personnes qui sont proches de nous, dans la famille, la paroisse, dans les associations. Corps et membres pour vivre doivent être unis ! L’unité est supérieure aux conflits, toujours ! Si les conflits ne se résolvent pas bien, ils nous séparent les uns des autres, ils nous séparent de Dieu. Le conflit peut nous aider à croître, mais il peut aussi nous diviser. N’allons pas sur le chemin des divisions, de la lutte entre nous ! Tous unis, tous unis avec nos différences, mais unis, toujours : tel est le chemin de Jésus. L’unité est supérieure aux conflits. L’unité est une grâce que nous devons demander au Seigneur afin qu’il nous libère des tentations de la division, des combats qui nous opposent, des égoïsmes, des commérages. Combien de mal font les commérages, combien de mal ! Il ne faut jamais faire de commérages sur les autres, jamais ! Combien de dégâts provoquent dans l’Église les divisions entre les chrétiens, les positions partisanes, les intérêts mesquins !
Les divisions entre nous, mais également les divisions entre les communautés : chrétiens évangéliques, chrétiens orthodoxes, chrétiens catholiques, mais pourquoi divisés ? Nous devons chercher à apporter l’unité. Je vous raconte une chose : aujourd’hui, avant de sortir de chez moi, j’ai passé quarante minutes, plus ou moins une demi-heure, avec un pasteur évangélique et nous avons prié ensemble, et nous avons cherché l’unité. Mais nous devons prier entre nous catholiques et également avec les autres chrétiens, prier afin que le Seigneur nous donne l’unité, l’unité entre nous. Mais comment aurons-nous l’unité entre les chrétiens si nous ne sommes pas capables de l’avoir entre nous, catholiques ? De l’avoir au sein de la famille ? Combien de familles se battent et se divisent ! Recherchez l’unité, l’unité qui fait l’Église. L’unité vient de Jésus Christ. Il nous envoie le Saint-Esprit pour faire l’unité.
Chers frères et sœurs, demandons à Dieu : aide-nous à être des membres du Corps de l’Église toujours profondément unis au Christ ; aide-nous à ne pas faire souffrir le Corps de l’Église avec nos conflits, nos divisions, nos égoïsmes ; aide-nous à être des membres vivants liés les uns aux autres par une unique force, celle de l’amour, que le Saint-Esprit déverse dans nos cœurs (cf. Rm 5, 5).