Les armoiries sont une forme de « récit graphique » créées au Moyen-Âge. Elles traversent le temps…. surtout lorsqu’on prend la peine de rafraîchir leur esthétique! Voici la nouvelle évolution des armoiries de l’archidiocèse de Québec… Jetez un oeil à ce vidéo, et à ces photo :

AVANT :

APRÈS :

Vous connaissez déjà le logo de l’Église catholique de Québec, qui continuera à être utilisé ; les armoiries apparaissent quant à elles sur des documents plus officiels. Mgr Marc Pelchat, évêque auxiliaire à Québec, nous présente les symboles mis de l’avant. « Les armoiries expriment l’identité d’un groupe, ses convictions, son admiration pour des personnalités, ou son attachement à des événements historiques, qui l’inspirent encore aujourd’hui. »

En plus de cette capsule vidéo, lisez cette entrait d’une entrevue à paraître dans l’édition de Pastorale-Québec de mai 2022.

ENTREVUE AVEC MGR MARC PELCHAT

Les nouvelles armoiries de notre Diocèse

Propos recueillis par René Tessier, rédacteur en chef de Pastorale-Québec

 

Q : Mgr Pelchat, bonjour. Merci d’être là. Ainsi donc, l’Église catholique de Québec se donne de nouvelles armoiries?

R: Bonjour. En fait, c’est surtout une mise à jour de nos armoiries traditionnelles. La quasi-totalité des diocèses catholiques possède des armoiries. Comme les évêques ont aussi chacun les siennes, personnelles; ce qu’on appelle les armoiries ecclésiastiques. Les universités ont généralement leurs armoiries, certaines familles conservent aussi les leurs. Nos armoiries peuvent aussi être appelées blason, pour désigner spécifiquement leur représentation visuelle. Le blason sera souvent en forme d’écu, à l’image du bouclier des chevaliers autrefois (les armoiries ont été popularisées, à l’origine, lors des Croisades). Ce blason constitue donc un signe d’identitaire, pour afficher son appartenance et montrer ce qui caractérise une famille ou un groupe.

Q: Intéressant de voir que ce modèle a traversé les âges, peut-être en raison de ses buts intemporels…

R : Oui, les armoiries veulent, depuis toujours, exprimer l’identité d’un groupe, ses convictions, son admiration pour des personnalités, ou son attachement à des événements historiques, qui l’inspirent encore aujourd’hui. Les armoiries sont toujours composées d’éléments symboliques, nous renvoyant à nos raisons d’être et d’agir aujourd’hui. Ici à Québec, la plus ancienne image qui nous est restée et qui se rapproche quelque peu des armoiries, c’est un sceau, un sceau armorié, celui du Chapitre de la cathédrale. Ce sceau remonte à 1684; on y distingue bien deux personnages-références: la Vierge Immaculée et saint Louis (Louis IX), roi de France.

Q: Ceux-ci sont encore bien représentés sur notre blason, même dans sa nouvelle version; ils figurent même, comme on dit, « en-haut de l’affiche » …    

R: (Sourire) Oui, ces deux personnalités s’imposaient d’elles-mêmes au moment de la création de notre Église diocésaine. Notre premier évêque, Mgr François de Laval, entretenait une grande dévotion envers Marie — ainsi qu’envers la Sainte Famille — et le roi saint Louis apparaissait spontanément comme le modèle de chef chrétien à la tête d’une administration ou d’un gouvernement. Un roi de France pour aviver la construction de la Nouvelle-France, un roi canonisé par l’Église, qui avait fait montre d’un sens exceptionnel de la justice. Et la Vierge Immaculée est la patronne principale du diocèse de Québec, alors que saint Louis est son patron secondaire. On les retrouve d’ailleurs dans le sanctuaire de la cathédrale: la Vierge et au cœur du grand tableau central derrière l’autel, alors que la statue en bois de saint Louis fait partie de celles qui ornent le chœur.

 Q : Après 1684, le sceau armorié va bientôt donner naissance à un blason, avec une devise, je crois?

R : Oui. En 1688, le nouvel évêque de Québec, Mgr de Saint-Vallier, va signer une ordonnance coiffée, pour la première fois, du blason de son Église diocésaine: toujours la Vierge et saint Louis, accompagnés désormais de la mitre de l’évêque, du bâton pastoral, de la Croix et du chapeau épiscopal. Nous avons gardé nos armoiries diocésaines depuis cette fin du 17e siècle. Par ailleurs, un parcours à travers nos archives nous révèle que leur présentation visuelle a évolué au fil du temps, avec des modifications certes mineures mais tout de même significatives. Les deux personnages du haut étaient présentés debout, de pied en cap, avec l’inconvénient qu’ils en devenaient difficiles à reconnaître par le public de nos jours.

Q: On devine apercevoir que la forme de l’écu les contenant s’est affinée avec le temps?

R: L’écu, au départ, était de forme presque circulaire, mais vraiment ovale. N’oublions pas la devise qui l’accompagne, Tales Ambio Defensores: « Je m’appuie sur de tels défenseurs ». Plus récemment, on a songé à moderniser légèrement ces armoiries.

Q: Peut-être avez-vous été stimulés par l’approche des célébrations du 350e anniversaire de notre Église diocésaine, qui auront cours en 2024?

R: En effet. Des artistes, des graphistes, ont travaillé sur différents projets respectant les normes de la science héraldique. Celui qui est devant vous a été soumis à l’Archevêque, qui l’a approuvé. Le blason renouvelé prend la forme d’un écu, conformément à l’héraldisme nord-américain. On y trouve, en haut à gauche, la Vierge immaculée, couronnée d’étoiles comme sur le tableau principal de notre cathédrale; en haut à droite: une étoile, précisément, dorée car Marie est l’étoile du matin, celle par laquelle nous avons accès à la lumière du Christ, celle que les marins désignent l’étoile de la mer (Maria Stella), l’étoile qui a guidé les Mages vers Bethléem. Dans la partie inférieure, on voit à droite saint Louis, portant sceptre et couronne, qui rappelle clairement notre lien historique avec la France, dont nous parlons toujours la langue; à gauche, c’est la fleur de lys stylisée, dont les trois branches peuvent symboliser aussi bien la Sainte Trinité que les trois vertus théologales : foi, espérance et charité. La fleur de lys, n’oublions pas, fait partie du drapeau officiel du Québec.

Q: Vous avez choisi de vous limiter à deux couleurs, sur le blanc, le doré et le bleu, plutôt qu’à un ensemble polychrome.

R: C’est exact. Nous avons opté pour la sobriété. Le bleu est la couleur mariale d’abord, la couleur des rois de France ensuite et surtout celle du Québec. La couleur dorée veut symboliser la lumière, elle recouvre ces marqueurs que sont le bâton pastoral, la croix de Lorraine et la mitre signifiant que l’Évêque préside à la vie de son Église; elle remplace ici le chapeau traditionnel des évêques. La devise est restée en latin mais elle se déploie dans un bandeau plus contemporain. C’est pour qu’ils ressortent mieux que nous avons reproduit en buste, et non de la tête aux pieds, Marie et saint Louis, en pensant notamment à l’impossibilité de les reconnaître quand les armoiries sont utilisées sur du papier à lettres.

Q: (Feuilletant le dossier qui nous a été remis) On peut tout de même sentir une grande continuité entre cette version mise à jour des armoiries diocésaines et les premières versions, bien que ces dernières étaient souvent en noir et blanc.

R: Oui, la continuité était et demeure l’une de nos préoccupations. Et nous avons tenu à bien distinguer la Vierge, patronne principale de l’Archidiocèse, en premier plan, et saint Louis de France, son patron secondaire.     

Q: Revenons un peu, si vous voulez, au 350e anniversaire de l’Église diocésaine. Les fêtes s’ouvriront le 8 décembre 2023, jour de notre Fête patronale de l’Immaculée. N’êtes-vous pas, Mgr Pelchat, le coordonnateur de ces célébrations ?

R: Disons que, pour l’heure, je supervise le comité organisateur que nous avons constitué. Je dois vous avouer que nous avons été très ralentis par ces deux (premières?) années de pandémie. Nous sommes à compléter les équipes pour les divers volets de la préparation. Nos festivités seront sans doute plus modestes que ce à quoi nous songions il y a quatre ans, quand nous rêvions éveillés. La crise sanitaire et une baisse généralisée des revenus nous ramènent à l’essentiel.

Remarquez: 1674, l’érection du Diocèse, ça reste une date parmi d’autres. L’Église existait déjà à Québec avant cette année-là. La fondation de Québec, en 1608, a vu rapidement l’arrivée de missionnaires, Jésuites et Récollets, qui ont arpenté le territoire. En 1639 sont arrivées les Augustines et les Ursulines. La fondation de Ville-Marie en 1642 s’inscrivait dans un grand projet d’évangélisation; à l’époque, l’île de Montréal, comme toute la Nouvelle-France, faisait partie du diocèse de Québec. Même avant l’arrive de Mgr de Laval en 1658, une Église était active ici, les sacrements étaient célébrés. D’abord vicaire apostolique, François de Laval est devenu évêque titulaire en 1674 de par la création du tout premier diocèse d’Amérique au nord des colonies espagnoles.

Q: L’étoile dans le haut des armoiries ne fait-elle pas allusion justement à cette grande entreprise d’évangélisation qui couvrait tout le Canada et la plus grande partie des États-Unis actuels?

R: Je nommais tantôt l’étoile de la mer, si importante pour les marins et les passagers qui ont traversé l’océan pour aborder ici, puis les explorateurs se déplaçant le plus souvent par fleuve et rivières. Les armoiries reflètent également notre histoire, particulièrement notre histoire religieuse. La fleur de lys est très liée à notre identité, catholique et française à la fois.

Q: J’imagine que les fêtes du 350e vont chercher à faire ressortir comment la mission d’évangélisation s’est déployée et se poursuit encore aujourd’hui ?

R: Certainement. Les fêtes vont s’enraciner dans notre histoire. Toutefois, nous souhaitons ne pas célébrer seulement notre passé, mais aussi le présent et l’avenir de notre Église. La mission se poursuit, nous continuons d’avancer. À ce moment-ci, nous n’avons pas encore décidé du thème mais nous avons convenu qu’il devrait tourner autour de cette dynamique passé-présent. Notre Église a traversé les saisons, celles du calendrier et les saisons de la vie. Elle avance encore à travers une communauté de personnes croyantes qui témoignent du Christ vivant. Nous n’allons pas célébrer seulement une institution mais surtout la présence et l’action de chrétiens, aujourd’hui confrontés à de nouveaux défis.

Q : Merci pour votre éclairage, Mgr Pelchat.